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Versión original

Erik L´Homme

El Templo #32 (febrero 2013)
Por R. A. Calle Morales
3.151 lecturas

Votre premier ouvrage, la trilogie Le Livre des Étoiles, vous a catapulté vers la célébrité. Que ressentez-vous en voyant que votre travail inspire une telle passion parmi les jeunes ?

Je suis à chaque fois surpris et ému par l’enthousiasme de mes lecteurs. C’est une émotion qui ne s’érode pas. Leurs visages épanouis, leurs yeux brillants sont finalement la plus belle des récompenses.

Cet accueil fait au Livre des Etoiles me touche d’autant plus que, sans campagne de promotion particulière, le succès de cette série est essentiellement dû au bouche-à-oreille…

Dans votre trilogie Phænomen, qui n'a pas encore été traduite en Espagne mais que nous recommandons dans notre section de romans jeunesse étrangers, vous parlez de jeunes dotés de super-pouvoirs. Ce qui nous a paruvraiment original, c’est de présenter ces jeunes comme des inadaptésqui ne savent pas quoi faire de leurs pouvoirs, et non comme des super-héros. Qu’est-ce qui vous a amené à utiliser ce point de vue ?

Violaine, Claire, Arthur et Nicolas sont d’abord et surtout des adolescents, qui ont les problèmes de leur âge. 

Avec un petit quelque chose en plus ! Violaine encaisse comme un boxeur les émotions des gens ; elle parvient en contrepartie à s’emparer de leur volonté. Le monde est tout déformé à travers les yeux de Nicolas ; mais il peut voir à travers les murs. La mémoire d’Arthur est une éponge, qui dégorge dans son cœur quand elle est trop pleine ; c’est également le cerveau de la bande. Claire, elle, fille diaphane au regard de sylphide, évolue, fragile et maladroite, dans une dimension légèrement décalée ; elle se téléporte parfois. 

Tous les quatre souffrent terriblement de leurs différences et éprouvent le sentiment très fort de ne pas être à leur place.

Sous la pression des événements, Violaine, Claire, Nicolas et Arthur sont obligés de s’ouvrir au monde. Ce n’est pas facile, loin de là. Car le monde les rejette. Ils en payent le prix. Mais ils parviennent néanmoins à transformer leurs faiblesses en force. Confrontés aux épreuves, ils découvrent l’amitié et ce qu’il y a de pire et de meilleur en eux. Ils mûrissent, ils grandissent. 

Bref, c’est une histoire d’initiation dont notre époque manque cruellement et que je n'aurais jamais pu raconter s'il s'était agi de bêtes super-héros ! 

Phænomen, c’est à la fois un roman d’aventures trépidantes et un hymne à la liberté, une liberté qui se conquiert et se paye de bien des souffrances.

Une des choses que nous avons vraiment aimées dans Le Livre des Étoiles, et qu'on retrouve, plus fort encore, dans A comme Association, est la magie que les protagonistes utilisent. De quoi vous inspirez-vous pour créer cette magie dans vos romans ?

Je me souviens, Pierre était sidéré par l’importance de ma documentation et le sérieux de mes préparations. C’était moi (comme Jasper !) le Monsieur Magie du duo. Il y avait, sur mon bureau, plusieurs ouvrages consacrés à l’elfique (au Quenya, pour être précis, qui constitue la base de la magie jaspérienne), d’autres qui portent sur la wicca ou qui s’intéressent aux propriétés des plantes… 

Il ne faut pas oublier que je suis historien de formation ! J’adore faire des recherches, commencer une construction par les fondations, comme je l'ai fait dans Le livre des Etoiles avec la magie des Graphèmes, à partir des runes scandinaves.

Et puis j’ai vu ma grand-mère trouver une source avec sa baguette de noisetier. Un rebouteux m’a guéri un jour d’une vilaine brûlure avec ses mains. Ma mère confectionne avec des plantes des onguents qui sont plus efficaces que beaucoup de pommades industrielles !

Je suis persuadé qu'existent, dans le monde, des présences diffuses, des forces sur lesquelles, certainement, seule la magie pourrait avoir une influence. Un univers enchanté, en quelque sorte !

Les principaux protagonistes, Jasper et Ombe, sont sans doute l'un des points forts de A comme Association. Deux personnages aux caratères forts et opposés, extrêmement attrayants pour le lecteur. Quelle est l'origine de ces personnages ?

Jasper et Ombe sont des Paranormaux, des Agents stagiaires de l'Association (un organisme dont on sait peu de choses, sinon qu’il gère depuis toujours la cohabitation entre humains et créatures).

Lui, il pratique la sorcellerie avec brio, elle, elle encaisse et distribue fort honorablement les coups. Il a seize ans, un humour douteux et les hormones en ébullition, elle a dix-huit ans, se débat avec un passé douloureux et fait craquer les hommes (Jasper compris !). 

L’un comme l’autre ont été sauvés par leur recrutement au sein de l’Association ; Jasper de la déprime et du manque d’attention, Ombe de la marginalité et des mauvaises pentes…

Lors de la mise en place de la série, nous avons naturellement décidé, Pierre et moi, de rester sur des fondamentaux et de mettre en scène, dans une perspective complémentaire, le genre de personnages que nous maîtrisions et aimions : lui une héroïne à forte personnalité, moi un héros maladroit et attachant. 

 

A-t-il été difficile de trouver le registre approprié pour A comme Association, ce mélange parfait d'humour (qui ne tombe jamais dans le ridicule) et de fantaisie ?

Pas du tout ! Nous voulions avant tout nous amuser. Sans nous moquer du lecteur, bien sûr ! Délirer sérieusement. Nous n’avons pas eu à nous forcer. On rigolait beaucoup, avant même de se mettre à écrire ensemble...

« L'humour renforce notre instinct de survie et sauvegarde notre santé d'esprit », disait Charlie Chaplin. Nul doute qu’Ombe et Jasper en avaient sacrément besoin !

Plus que l’action, c’est effectivement le recul et le décalage, l’humour et les références littéraires qui confèrent au récit sa musique particulière. 

L’humour est pour moi une grande qualité humaine, qui permet de supporter l’insupportable avec lequel il nous faut hélas souvent vivre, de prendre du recul, de relativiser, d’échapper à la bêtise et au dogmatisme. Sans humour, point de salut…

Comment est née l'idée d'écrire la série A comme Association avec votre collègue et ami Pierre Bottero ? Pourquoi alterner non seulement les personnages mais aussi les livres ?

Cette série est née de rencontres. D’amitiés patiemment tissées. Avec Pierre, bien sûr, mais aussi avec nos éditrices, sans lesquelles le projet n’aurait pas pu être imaginé. Parce que dans tout voyage ambitieux il faut des explorateurs et des armateurs, qui partagent un même rêve. 

Cela faisait longtemps qu’avec Pierre nous voulions écrire ensemble, partager un univers qui ne soit aucun des nôtres, une terra incognita. Sur la carte approximative que nous avons emportée, avec comme seul bagage la confiance de nos éditeurs, il y avait ces mots, en points de repère : laisse-toi surprendre.

Les aventures de nos personnages sont autonomes, mais se croisent, en effet, dans chacun de nos tomes, convergeant vers un grand mystère résolu à la fin. Il arrive ainsi qu’une même scène soit décrite dans nos livres respectifs, avec le regard propre à nos héros ! 

Nous avons été désolés d'apprendre que Pierre Bottero, auteur du deuxième et du quatrième volumes, est décédé en 2009. Est-ce que vous avez alors songé à abandonner la série ?

L’intérêt majeur du projet était cette connivence que je partageais avec Pierre, le plaisir, la joie, la jubilation extrême d’écrire avec lui, d’échanger,de partager des idées et des émotions. Pierre disparu, il m’a fallu trouver un nouveau sens à ce travail : aller jusqu’au bout de l’aventure, pour ses lecteurs fidèles, pour lui qui était homme à ne pas abandonner, et pour moi, puisque je sentais sa présence dès que j'étais avec Jasper et Ombe ! Le soutien sans faille de mon éditrice, Hedwige, et de l’éditrice de Pierre, Caroline, a également pesé un poids énorme dans ma décision... 

Le projet n'a pas vu le jour sous sa forme initiale mais il a respecté la « bible » que nous avions établie, Pierre et moi, même si j’ai été forcé d’en réduire l’ambition et de l’aménager.

Ainsi, le cinquième tome aurait pu se suffire à lui-même. Il prend acte de la disparition de Pierre et développe les sentiments que tous ses lecteurs ont pu ressentir. Il les oblige à faire leur deuil : j’avais entendu et vu tant de manifestations de leur désarroi et de leur peine que je souhaitais réagir. Il m’importait beaucoup d'aider les lecteursà accepter la mort de Pierre. 

Ce volume m’a aussi servi à amorcer mon changement d'intrigue. C'est la raison pour laquelle, selon moi, il y a deux cycles dans la série : le premier « avec » et le second « sans » Pïerre Bottero. 

Le marché cinématographique utilise de plus en plus les ouvrages que les jeunes lisent pour les adapter au grand écran. Avez-vous reçu une offre de l'industrie du cinéma pour adapter une de vos œuvres ? Aimeriez-vous voir vos livres transposés au cinéma ou à la télévision ?

Nous n'avons, mon éditeur et moi, pas encore été contacté en ce sens. Cela viendra-t-il ? Je ne sais pas, et ce n'est pas très important. J'aime raconter des histoires, mais mon métier reste d'écrire des livres. 

Je serais évidemment très curieux — et mon banquier ravi ! — de voir une adaptation en images, et ça se fera si ça doit se faire. 

Je ne suis pour l'instant ni déçu ni impatient puisque je n'attends rien de ce côté. 

 

Nous avons essayé de vous trouver sur Internet, mais nous n'avons trouvé, ni site officiel ni profil parmi les réseaux sociaux. Aujourd’hui, certains auteurs se servent de ces moyens pour établir un contact avec leurs fans. Comment se passe votre relation avec vos lecteurs ? Avez-vous des contacts avec eux ?

Pour vivre heureux, vivons cachés ! 

Ceci rappelé, je pense que la vérité vient du terrain. Et le terrain, pour un auteur, ce sont les lecteurs. D'où l'intérêt de fréquenter les endroits où ils se trouvent : salons, librairies, établissements scolaires, médiathèques et, depuis quelques années, internet. Les échanges y sont intenses, même si les vrais dialogues, pour des raisons pratiques, restent rares.

J'entretiens avec mes lecteurs des « cyber-rapports » passifs : par l'intermédiaire du forum de A comme association ou des blogs de lecteurs, j’assiste à leurs discussions (qui ne me laissent jamais indifférent) sur mon travail, j'interviens parfois. 

En même temps, il se crée quand même une proximité : la plupart d’entre eux dit spontanément « Erik », comme si je faisais partie de leur groupe. 

Ces incursions sur la Toile me permettent de me rendre compte de la grande importance que peuvent avoir un auteur et ses livres dans la vie de ces jeunes. 

Mais les vraies rencontres se déroulent lors des dédicaces ou dans le cadre scolaire. J’entre à ce moment-là dans leur réalité. C'est l'occasion pour eux de voir à quoi je ressemble (pour les plus timides) ou d'essayer de m’arracher des secrets (pour les moins timides !) ! 

Avez-vous des projets après la saga de A comme Associations ? Pensez-vous déjà à de nouvelles histoires ?

Pour me reposer de cette longue série, je vais écrire un livre unique, dans un univers entièrement réaliste et pour un public de jeunes adultes. Dans ce prochain récit, comme toujours, j'espère bien surprendre mes lecteurs, les bousculer et les entraîner !

Et puis, déjà, l'idée d'une nouvelle saga fantastique commence à germer dans ma tête…

Comment trouvez-vous l’état de la littérature de jeunesse en France ? Quels sujets sont à la mode parmi les jeunes lecteurs ?

Il se passe beaucoup de choses intéressantes dans la littérature jeunesse en France. Même s'il est difficile, chez nous comme ailleurs, de tenir le choc face aux déferlantes anglo-saxonnes…

Les vampires ont toujours la côte, ainsi que les dystopies, mais beaucoup d'auteurs français s'attachent prioritairement à construire une œuvre, à écrire ce qu'ils ont envie, indépendamment des modes. Lorsque c'est fait avec justesse, cœur et talent, les lecteurs suivent.

Nous habitons dans une société dominée par le marché anglophone et nous oublions parfois qu’il y a de bons auteurs dans d'autres pays, et des histoires qui méritent d'être lues. Pourriez-vous nous recommander un auteur français et quelques romans jeunesses qu’à votre avis nous devrions considérer ?

Puisqu'il faut citer un auteur, je mettrai volontiers en avant un jeune écrivain talentueux et prometteur, Christophe Mauri, auteur chez Gallimard Jeunesse d'ouvrages de fantasy destinés aux plus jeunes (ce qui est suffisamment rare pour être relevé) et dont le héros, Mathieu Hidalf, garçon drôle et attachant, donne son nom à la série.

Toujours chez Gallimard Jeunesse, je pense aussi à Où est passée Lola Frizmuth, d'Aurélie Gerlach, un thriller déjanté et bourré d'humour, ainsi qu'aux livres tendres et drôlatiques mettant en scène Une famille aux petits oignons, de Jean-Philippe Arrou-Vignod.

Dans la série thriller trépidant et décalé, il y a, chez Rageot Editeur, la trilogie Vagabonde d'Hervé Jubert.

Chez Rageot Editeur, encore, il ne faut pas passer à côté de la série Gaspard de Stéphane Daniel, qui brosse un tableau juste et hilarant de l'adolescence.

Je pourrais établir une liste longue comme le bras !